Relation père-fils : les handicapés des sentiments

Le titre du dernier (et second) film de Stéphane Brizé, Je ne suis pas là pour être aimé, est évocateur et assez aguicheur. D’emblée, on s’attend à un personnage acariâtre, méchant, mesquin, petit. A la place, on retrouve Patrick Chesnais dans un rôle qui, ma fois, ne lui en déplaise, lui va bien ! Il est huissier, pas forcement heureux dans sa vie mais ne s’en plaint pas plus que ça. Il essaie de susciter un intérêt pour sa profession à son fils, qui est loin d’y être réceptif. Jusqu’au jour où… il s’inscrit à un cours de tango.

 

 

Effectivement, durant ces cours de danse, il apprendra à s’ouvrir un peu, à découvrir que l’on peut prendre un certain plaisir à faire des choses nouvelles… mais le vrai problème de cet homme réside dans sa relation conflictuelle avec son père, un homme âgé, détestable, un "Tatie Danielle" au masculin. Toute sa vie, le personnage de Patrick Chesnais cherchera la reconnaissance de son père à travers le sport, son travail, sa conduite exemplaire, etc. dans l’espoir d’obtenir une quelconque preuve d’affection de la part de son paternel.
Affiche 'je ne suis pas là pour être aimé'

 

 

On imagine peu le mal que peut procurer une non reconnaissance de mérite face aux efforts fournis ; pourtant, nombre d’hommes et également de femmes sont chaque jour en quête d’amour paternel ou maternel, seule clé de leur épanouissement. Ces parents qui ont eux-mêmes peu reçu d’amour de leurs parents sont incapables d’en donner ou bien le font de manière gauche. Souvent avares de compliments, et d’une incapacité à prendre quelqu’un dans leurs bras, ils engendrent d’autres handicapés des sentiments. Cercle vicieux de la vie qui décuple leur complexe d’Oedipe. En résumé, trois générations qui ont fondamentalement besoin l’une de l’autre, où la communication est plus que difficile.

 

 

On remercie S. Brizé pour nous avoir donné un si bon moment, dont l’humour grinçant donne à penser à une influence Jaoui-Bacri. Courez-y vite. Vous ne le regretterez pas !

 

 

V

Cette entrée a été publiée dans Cinéma. Placez un signet sur le permalien.

Les commentaires sont fermés.