Jeu, set et match point



Et non, ce n’est pour évoquer le grand prix de tennis de Lyon que je vais aborder le sujet du tennis, mais plutôt le dernier opus de Woody Allen : "Match Point". Après l’inégal "Melinda, Melinda", dans lequel s’opposaient deux visions toutes aussi manichéennes l’une que l’autre, la critique ne savait pas à quoi s’attendre de la part du réalisateur new-yorkais préféré des Français. Et quelle agréable surprise ! 

"Match point" est tout d’abord l’histoire d’un ancien champion de tennis issu d’un milieu modeste qui réussit à se faire "adopter" par une famille londonienne fortunée. Manipulateur et vil, le destin et le hasard – « chance » en anglais, et le terme est ici plus qu’approprié – seront ses seuls atouts pour accéder à ce monde auquel il aspirait en tant que professionnel.

Loin de la love story que l’on pourrait supposer au vu de l’affiche (par ailleurs très décevante), Match point est un film sombre d’une grande sensualité. Jonathan Rhys Meyers se pose en véritable Iago, envieux et jaloux de la richesse et du bonheur des autres. Scarlett Johansson représente elle aussi la classe moyenne, mais américaine, envieuse du confort financier de la famille de son fiancé, et aspirant à une carrière de comédienne qui lui rendrait son indépendance. Injustice et désespoir poussent ces deux compagnons d’infortune à se rapprocher. Ce rapprochement charnel est assez étonnant chez Woody Allen, où la passion qui anime les deux protagonistes et la sensualité qui s’en dégage sont très rarement filmées. On peut alors se demander s’il n’aurait pas volontairement oublié son élégante pudeur de l’autre côté de l’Atlantique en venant à Londres.

Du grand Woody Allen, un film qui réconcilie tous les critiques, des dialogues d’une justesse incroyable, un casting parfait,… "Match point" fut LE film hors compétition du Festival de Cannes, et maintenant LE film qui fera décoller la fréquentation des salles obscures cet l’automne.

Noir, amoral, jouissif, on en veut plus ; prions pour que Woody Allen nous redonne autant d’émotions dans ses films à venir, et que l’Europe lui inspire encore son talent.

 Véro

 

 

 

 

 

 



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