Dans le Paris de la belle époque, les courtisanes étaient de véritables célébrités, amassant d’incroyables fortunes. Quelques
années plus tard, les rivalités qui les tenaient à l’écart les unes des autres, n’ont plus lieu, et les visites de courtoisie entre ces anciennes femmes de joie sont monnaie courante. Lors
d’une de ses visites chez son amie Charlotte, Léa va se laisser aller aux charmes de Chéri, 19 ans, le fils de son amie…
Roméo et Juliette séparés par le fossé des générations
Adaptés des livres de Colette « Chéri » et « La fin de Chéri », « Chéri » sait justement nous replacer dans le contexte parisien du début du XXe siècle. Décor art nouveau,
hôtel particulier, toilettes et savoir vivre, tout est soigné pour plonger le spectateur dans cette époque de raffinement et de séance dans lesquels évoluent nos personnages.
On pourrait croire qu’une histoire d’amour tel que celle entre un bel éphèbe à l’immense fortune et aux moeurs légères et une vieille prostituée haut de gamme paraîtrait déplacée et plutôt
dérangeante… mais c’est avec une grande sincérité que les deux amants se complètent dans leur besoin amoureux et la pureté des sentiments qui les animent, les 2 découvrant l’amour pour la
première fois. L’amour qui rend fou, l’amour qui rend bête, et l’amour qui rend beau.
Cet adjectif s’applique surtout à Michelle Pfeiffer qui n’a pas hésité à montrer un visage, dont les rides d’expression et le travail de l’âge ont donné une sagesse, mais ont su conserver la
fraîcheur de son être, sublimant d’autant plus ses magnifiques yeux bleus en amande. Par ce rôle de Léa, elle montre à ses consoeurs d’Hollywood que sans lifting, on peut se voir confier des
rôles denses, dans lesquels une actrice peut rayonner et écraser toutes les jeunes premières. Cela fait longtemps que l’on attendait son retour, et on peut dire sans risquer de se tromper que
« Chéri » sonne le grand retour de Michelle Pfeiffer au cinéma.
Aussi dérangeant que pourrait être le sujet de ce film, où une femme vit une histoire d’amour avec un jeune homme de 30 ans son cadet, « Chéri » n’inspire en rien le dégoût,
mais laisse plutôt un goût de nostalgie pour une époque où les conventions empêchaient certaines amours d’exister, et où l’élégance et la bien séance font regretter les habitudes et tenues
vestimentaires d’aujourd’hui.