
Walkirie à la sauce rouge de Tarantino
Déclinant en 5 chapitres son « histoire de salauds », Tarantino a choisi cette fois-ci de s’attarder à une époque de l’histoire de l’Europe, qui taraude pas mal de réalisateurs américains dernièrement , notamment après ‘The Good German’ de Soderberg et ‘Walkirie’ de Singer. Tarantino propose de montrer le rôle qu’aurait pu jouer un cinéma pendant la seconde guerre mondiale en France. Lieu de culture où se retrouve toutes les nationalités, même dans un climat hostile, le cinéma est le centre de tous les intérêts et les convoitises.
D’ailleurs, comme dans tous ces films, Tarantino met en scène son amour pour les westerns et pour le cinéma européen, notamment ici le cinéma français. Il cumule les références aux films de cowboys entre les surnoms donnés aux membres du gang des « Basterds » (Aldo the apache), les techniques de mutilation comme le scalp, ou encore les musiques de Morricone. Et côté cinéphile, on trouve des références à des classiques du cinéma français, tel que « Le Corbeau », « L’assassin habite au 21 », Henri George Clousot, Danielle Darieux, et même à l’UFA. D’ailleurs, on sourit devant une des répliques de Mélanie Laurent, qui dit à Daniel Brühl (craquant en jeune soldat allemand): « Je suis française, nous respectons les réalisateurs » ! Peut-être devons nous voir là un clin d’oeil à l’industrie du cinéma américain…
Niveau casting, Tarantino a sorti la lourde artillerie. Et malgré un Brad Pitt, excellent dans son rôle de meneur de troupes kamikazes et barbares, la palme de l’interprétation masculine revient à Christopher Waltz, en colonel nazi impitoyable, cultivé et cynique, surnommé ‘le chasseur de juifs’, qui est parfait en enquêteur et homme de lettres. Il arrive même à éclipser les autres têtes d’affiche masculine. Côté femmes, c’est un grand cocorico pour Mélanie Laurent, qui par sa froideur et sa beauté, personnifie une France rebelle et libre, et en éclipse la belle Diane Kruger, dont l’accent allemand est presque contestable !
On pourrait trouver que Tarantino réitère ce qui sont maintenant ces ‘codes’ – histoire déclinée en chapitres, musique très présente et au volume poussé à fond, de l’hémoglobine à foison, les joutes verbales interminables juste faites pour créer un espace de respiration pour repartir sur un rythme effréné, son cynisme, son humour, et une justice implacable qui punit toujours les méchants – et qui pourraient donc lassés. Mais bien au contraire, la patte Tarantinesque absente d’un film de Tarantino, c’est un peu comme une tartiflette sans reblochon… ça manquerait cruellement de saveur, non?!
« The Inglorious Basterds » est un très bon Tarantino, divertissant, sanglant, drôlissime, et tout simplement jubilatoire.
Sortie le 19 août 2009