Daniel et Ana sont deux frères et soeurs, complices, qui mènent une vie calme dans une maison fortunée. Elle, en plein préparatifs de mariage, lui en pleine découverte de ses premières amours avec sa copine. Jusqu’au jour où ils seront kidnappés alors qu’ils allaient faire une course, obligés à faire l’amour devant une caméra, puis relâchés. Après cela, rien ne sera pareil entre eux…
Faits divers affligeants au Mexique
Titré d’une histoire vraie, « Daniel y Ana » est un film qui dénonce les séries d’enlèvements au Mexique, qui servent à faire des films pornographiques à budget zéro, avec lequel certains se font beaucoup d’argent, mais c’est aussi un film qui montre comment une relation frère et soeur idyllique se dégradent, face à un événement aussi traumatisant.
Pendant tout le film, on se peut se demander où Franco veut nous emmener : d’abord on pense qu’il souhaite nous montrer la violence et le dégoût de ses actes pour lesquels les ravisseurs peuvent demander une rançon ou exercer un chantage, surtout parce qu’il s’agit de l’enlèvement des 2 enfants d’une famille très friquée, puis on reste dans le trouble jusqu’à la fin se demandant quand vont resurgir ces énergumènes complètement pervers. Ensuite, on devine que son intérêt va vers cette relation fraternelle gâchée, accentuant le mal-être et la culpabilité qui anime chacun des personnages.
Malgré un thème très perturbant, le but du réalisateur n’est pas de choquer son audience. Les images ne sont pas crues, et la scène « d’amour » n’est pas non plus pornographique. D’ailleurs, les éclairages et la mise en scène soignés contribuent à cette ‘neutralité’. Il s’attarde avec compassion sur chacun de ses personnages, qui vivent cet abus à leur façon, tous 2 d’abord par une phase d’enfermement, puis par un désir de thérapie pour l’un, et une violence intérieure et sourde chez l’autre.
Ce qui manque à ce film, pour nous entrer dans l’univers des personnages, reste la tension. La tension qui existe entre le frère et la soeur qui n’ose plus se regarder, la tension émanant de cette non communication qui les ronge, et les obnubile. Pourtant dans les faits, elle est bien présente, mais dans la réalisation, dans le thème musical répétitif choisi, … rien ne nous oppresse vraiment, à part peut-être les 5 dernières minutes.
Pour ce premier long métrage, Mickael Franco nous donne une histoire dérangeante, intéressante, et poignante, avec beaucoup de pudeur. Exercice réussi, pour le réalisateur mexicain.
Sortie le 31 mars 2010
One Response to Daniel y Ana : le côté obscur du Mexique