Chatroom, le bijou adolescente de Nakata

William est un adolescent de 17 ans perturbé. Il passe son temps sur le net, où il se nourrit de conversations et amitiés virtuelles. Il va créer son forum de discution, Chelsea teens, où il sera rejoint par 4 autres adolescents, où il va les encourager à se livrer et faire part de leurs sentiments les plus négatifs, dans le but de les aider à trouver un remède à leurs maux, … les poussant à prendre des mesures radicales, contre leurs parents, amis, et parfois eux-mêmes.

Manipulation adolescente sur toile de web

Nakata a complètement su capter l’univers adolescent ainsi que celui du web, pour nous livrer un magnifique testament contemporain d’une génération désenchantée hypnotisée par leurs écrans. Plutôt mal dans leur peau, recroquevillés sur eux-mêmes, chacun de ses protagonistes trouve une échappatoire grâce à ce monde parallèle où ils sont les seuls acteurs de leurs destins (sans aucune autorité, parentale, scolaire, sociale…). Recherche d’amis, de confidents, d’encouragements, … ils ont tous quelque chose à partager, et s’ils n’en ont pas, le puppet master, incarné par Aaron Johnson, leur fera ressortir des sentiments sombres et destructeurs.

Ici, les ados discutent dans une grande pièce qu’ils se sont appropriée et ont customisée, et la toile est personnifiée par un immense couloir d’hôtel sans fin, desservant de nombreuses pièces (des chatrooms) dont le nom est taggé sur la porte. Chaque chatroom a son univers : girly pour parler mode, sexy pour les rencontres coquines, défouloir pouvant mener à bout certains participants, suicidaire pour mettre en lumière son dernier souffle… Un soin particulier a été apporté à la photo afin de marquer les passages du virtuel au réel, passant d’une ambiance acidulée à un univers où les coloris sont ternis et sans saveur, comme leur quotidien.

Cette transposition de la notion de relation virtuelle de manière réelle (rencontres physiques) rend bien compte de ce que peut ressentir un chatter, après quelques jours de discution : un sentiment de connaître sur le bout des doigts son interlocuteur.

Et la notion de dépendance qu’engendre Internet chez les jeunes générations est aussi un thème central du film, où la communication entre enfants et adultes semblent rompus, que ce soit par le manque de repères, le manque de confiance en soi, la recherche de modèles, … facilitant ainsi la confiance qu’ils donnent à un inconnu qui balancent des banalités, dans lesquelles chacun peut se reconnaître.

Pour ce thriller, le réalisateur de Ring (version originale) et Dark Waters (version originale aussi) a confié à Aaron Johnson, précédemment vu dans Kick-ass, le rôle inquiétant (et fascinant) de puppet master machiavélique. Il entraîne dans un trip suicidaire ses « amis » virtuels dans le seul but d’assouvir son désir de contrôle des autres, exerçant une emprise qu’il n’a pas sur sa famille et son quotidien, poussant les limites du sadisme à leur paroxysme. Un rôle aussi dense, du haut de ses 19 ans… on ne peut qu’applaudir la performance d’acteur !

En quelques mots, non seulement le thème qu’abord Chatroom a le mérite d’être terriblement d’actualité, en mettant en scène les dangers et la dépendance au web, ainsi que l’influence que des adolescents peuvent avoir les uns sur les autres à un moment de leur vie où ils sont les plus vulnérables, mais en plus on passe un excellent moment, tendu et anxieux face à l’issue que ont ces relation à la vie, à la mort.

De plus, Chatroom pourrait presque être un film éducatif pour des parents qui ne comprennent pas la fascination de leurs enfants pour ce mode de communication, et n’en comprennent pas forcément les potentiels dangers qui ne proviennent pas que de vieux pervers qui se font passer pour des fillettes… ! Il ne fait pas bon être parent dans l’univers de Nakata !

Sortie le 11 août 2010

Article écrit pour le site www.abusdecine.com

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